Rétrospective Deep Climate : de la sélection aux expéditions

Durant tout l’été, nous allons revenir sur les missions Deep Climate pour vous en raconter les dessous et les faits importants, de la sélection des climatonautes jusqu’à la fin de la dernière traversée. Suivez la rétrospective et retrouvez chaque nouvel épisode sur nos Facebook et Instagram !

EPISODE 1

Janvier 2018 : dans la salle de crossfit «R2 Bastille » se réunit pour la première fois une trentaine de personnes sélectionnées pour participer aux missions climatiques. Depuis près d’une année pour la plupart, ils ont envoyé une lettre de candidature, des textes de motivation, ils ont dû faire des vidéos, répondre aux questions de différentes équipes afin de passer des 1500 candidatures initiales à une centaine.

Toutes ces personnes sont en bonne santé physique et mentale, n’ont aucun tatouage en couleur (car la ferrite contenue dans les couleurs pose des problèmes pour les IRM) et sont âgées de 25 à 45 ans. Les 100 dernières ont passé un entretien en présence de Christian Clot, concepteur-directeur du projet, et plusieurs personnes de l’équipe.

À Bastille, elles se rencontrent pour la première fois, et Christian leur présente les buts et attentes des missions, les risques et dangers, les moyens de progression et le récit de ses propres traversées de 2016-2017 en solo. Il leur parle aussi de la préparation à venir, individuelle et collective, pour rendre ces missions possibles. Le départ pour les 10 femmes et 10 hommes qui partiront au final est prévu en 2019 ou 2020 et il y a énormément à faire pour que ce qui s’appelait encore les missions « 4X30 » puisse démarrer.

Personne ne se doutait alors que les avènements mondiaux allaient repousser de plusieurs années le départ… 

EPISODE 2

En 2018 et 2019, les futurs climatonautes vont vivre plusieurs week-ends de préparation. Le but n’est pas de les préparer aux climats et conditions qu’ils vont vivre sur le terrain, mais de les confronter à l’imprédictibilité et à des situations d’inconfort demandant le dépassement des limites que nous nous fixons toutes et tous de manière souvent arbitraire.

Le premier de ces week-ends a lieu dans la vallée de Joux, dans le Jura suisse, et a été pensé par Christian Clot et toute l’équipe comme une première plongée dans l’incertitude. Un trajet conséquent à la boussole à réaliser en 24h, par petits groupes. Traversée à la nage d’un petit lac puis progression à pied entre forêts et vallées, sans alimentation, avec plusieurs imprévus sur le parcours.

Rien d’impossible à presque n’importe qui en bonne santé, mais l’obligation d’aller chercher un peu plus loin que le quotidien, que nos habitudes, où l’entraide entre équipes sera indispensable. Finalement, presque tout le monde arrive au bout du parcours, avec la fierté d’avoir été au bout d’eux-mêmes. Une première étape importante dans le parcours de préparation aux missions à venir…

📸 : Bruno Mazodier/Human Adaptation Institute

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EPISODE 3

Après la Vallée de Joux, d’autres week-end de 3 ou 4 jours permettent aux futurs climatonautes de mieux comprendre le projet, leur limite, et d’affiner leurs connaissances dans des domaines techniques que plusieurs découvrent pour la première fois.

Ski avec pulka à Prémanon avec l’Espace des Mondes Polaires aimablement mis à disposition par son ancien directeur Stéphane Niveau ; kayak avec le spécialiste Yann Lemoine qui les accueille dans son fief de Paimpol ou le parcours des 25 bosses à Fontainebleau avec des charges de plusieurs dizaines de kilos sur le dos… Quelques abandons émaillent cette préparation qui ressert petit à petit le groupe au nombre prévu pour les expéditions de 10 femmes et 10 hommes… 

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EPISODE 4

Parmi ces périodes de préparation, où l’acceptation de l’imprévu et d’une forme de « douleur » reste la base, quatre jours dans les Pyrénées vont marquer les esprits.

Organisé par les équipes très compétentes du CEETS (Centre d’Etude et d’Enseignement des Techniques de Survie) créé par David Manise, il s’agit d’une plongée dans l’incertitude et le manque de nourriture, avec des franchissements complexes.

On nage à nouveau, mais cette fois dans une eau à seulement quelques degrés et l’absence de nourriture est plus longue. Tout ce qui a été appris jusque-là est mis à rude épreuve, mais le groupe, qui expérimente le besoin vital de coopération, s’en sort bien…

EPISODE 5

Mais la préparation n’est pas faite que de week-ends immersifs… Elle est aussi basée sur le renforcement de capacité mentale de variabilité, cette aptitude qui permet de basculer rapidement d’un état à un autre en fonction des évènements.

Curiosité pour des sujets très variés, agilités et projection mentale en sont quelques clefs. Des temps qui permettent aussi de mieux se connaître pour les futurs climatonautes.

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EPISODE 6

Des week-ends immersifs, de l’entraînement mental, bon et quand même… quelques séances de sport !

Si quelques personnes sont des pratiquants habitués, d’autres n’ont que très peu l’habitude de s’entrainer. Le but n’est pas d’en faire des sportifs d’élite, mais avoir une base physique correcte permet de moins souffrir durant les traversées.

Le but est de leur apprendre à s’entrainer de manière autonome, et d’apprendre à accepter une certaine douleur, celle que l’on peut ressentir lorsque l’on pense que l’on est au bout de l’exercice, au bout de soi, et qu’il faut tout de même aller chercher plus loin. Le dépassement de soi.

Nous sommes aidés par les équipes de la salle R2 Training Bastille qui adaptent la pratique du CrossFit à des gestes quotidiens que peuvent utiliser les futurs climatonautes : porter des packs de bouteille d’eau ou soulever des charges du sol. De quoi laisser des souvenirs (et quelques courbatures) aux équipiers !

EPISODE 7

Fin décembre 2019 : toute l’équipe se réunit pour une semaine au Campus de la transition à Forges pour prendre en main les différents équipements d’expédition.

C’est la première découverte des chariots prévus pour le désert. Fabriqués « en série » par Sodi d’après le prototype créé pour ses expéditions en solitaire 4X30 par Christian Clot et son papa, ils sont capables de supporter une charge utile dépassant 200 kilos.

Les familles et amis, venus en visite au Campus, sont ravis de servir de charge pour un parcours d’obstacles avec chariot ! Un vrai travail d’équipe pour poursuivre la préparation des futurs climatonautes.

📷 : Martin Saumet et Julie Lenormant / Human Adaptation Institute

Pour en savoir plus sur le campus : https://campus-transition.org

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EPISODE 8

Outre les parcours d’obstacles avec chariot, à Forges, au Campus de la Transition, Mélusine Mallender forme quelques équipiers à la manipulation de drones.

Se préparer pour Deep Climate, c’est aussi s’assurer que toutes les tâches nécessaires pourront être réalisées durant les expéditions, par des personnes non spécialistes initialement. Un projet aussi conséquent n’implique pas seulement de se déplacer sur des terrains complexes et parfois hostiles. Il faut aussi mener des études complètes, assurer la sécurité et la santé de l’équipe et raconter l’histoire au travers de photos et de vidéos à partager sur nos réseaux.

Petite vidéo test au drone avec toute l’équipe et les alentours du Campus de la Transition !

EPISODE 9

Dans les conditions que nous allons vivre, il est important que chaque climatonautes sache réagir en cas de blessure, malaise ou autre, et puisse effectuer les gestes de premiers secours. Si quelques personnes ont déjà des bases solides dans ce domaine, c’est loin d’être le cas pour l’ensemble.

Aussi des week-ends « premiers secours » sont organisés par notre premier médecin, Jérôme Normand (Amazonie) et l’infirmière Emilie Kim-Foo. Des mises en situation seront ensuite régulièrement effectuées lors de périodes de préparation.

EPISODE 10

Et la science dans tout ça ? Bien entendu, l’équipe doit être autonome pour réaliser les études scientifiques sur le terrain. En dehors de Christian Clot aucun scientifique ne sera présent durant les traversées, et il incombera aux climatonautes de réaliser l’ensemble des protocoles. Des opérations qui demandent de la rigueur, un suivi régulier et une bonne connaissance du matériel et des manipulations.

Plusieurs climatonautes reçoivent ainsi des formations « d’opérateur de terrain » en se « spécialisant » soit sur les protocoles en sciences humaines et sociales, soit pour les protocoles cognitifs ou physiologiques. D’autres se formeront durant les traversées, si bien que lors de la dernière mission dans le désert du Néfoud (en Arabie Saoudite), ils seront 6 à réaliser des opérations scientifiques de terrain.